anne creissels

La compagnie a+b objet danse désigne un espace de création et de recherche, au croisement des arts plastiques et des arts vivants, résistant aux catégorisations et aux logiques disciplinaires. S’y développent des formes hybrides, performatives, où la théorie se fait matériau. Les liens entre gestes et constructions identitaires y sont explorés, de même que les zones de déplacements, des mots aux images et des objets aux corps.

corps ficelé et langue coupée : recette de Ma Gouvernante

conférence-performance, reprise (nouvelle version), durée : env. 30’ 

Centre d'arts plastiques et visuels de Lille Wazemmes, 9 novembre 2017
Événement partenaire de l'exposition Performance, Tripostal, Lille

























« La figure de la gouvernante désigne une forme d’autorité en même temps qu’un statut subalterne de la femme. Elle incarne un paradoxe : nourrice, servante, domestique, chargée de l’éducation des enfants, elle est tout à la fois celle qui sert et celle qui gouverne. Elle est au service de ses maîtres, éventuellement leur maîtresse, dévolue aux taches de l’intérieur ; elle est celle qui n’a pas la parole et qui perpétue la tradition, figure de femme bridée et autoritaire, garante des préceptes, des rôles à tenir. Les chaussures blanches évoquent la virginité et le mariage et semblent définir la seule issue honorable pour une femme, à savoir accepter d’être un objet d’échange dans une société patriarcale. En présentant sa gouvernante sur un plateau, Meret Oppenheim exacerbe les paradoxes et brouille davantage encore les rôles servant/servi, maître/esclave manifestant ce lien inextricable entre servitude et désir de domination ainsi que le souligne Claude Lefort dans sa postface au Discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie. La gouvernante de Meret Oppenheim est aussi celle qui gouverne sa vie, la norme à laquelle elle est tenue de coller, son parcours fléché de femme ; c’est ainsi une personnification de la contrainte intégrée, de l’autocensure qui empêche d’accéder à un statut de sujet, à son désir et à l’expression de sa subjectivité. » (extrait de la voix off)