anne creissels

La compagnie a+b objet danse inscrit ses activités au croisement des arts plastiques et des arts vivants, de la recherche et de la création. Développant des formes hybrides, performatives, où la théorie se fait matériau, elle explore les liens entre geste et constructions identitaires et investit les zones de déplacement, des mots aux images et des objets aux corps.

corps ficelé et langue coupée, recette de Ma Gouvernante

conférence-performance, durée : env. 50'

Musée de la chasse et de la nature, Paris, 6 mai 2015
programme de performances proposé par Frédérique Lecerf, commissaire d'exposition dans le cadre du programme DQVTM (Dans quelle vie tu mondes)

création 2014-2015 avec le soutien de la Ménagerie de verre dans le cadre des studiolabs
regard sur le travail : Sylviane Masson

Pour servir un véritable festin cannibale, rien de tel qu’une recette de bonne femme. Celle de ma gouvernante vous étonnera par sa simplicité d’exécution et l’effet incomparable qu’elle produit sur tous les sens. Corps décapités, chair animalisée : sur la table de conférence, les images seront disséquées et les mots hachés menu. Bon appétit !

Photographie : DQVTM, Musée de la chasse et de la Nature, © Clara Mill


























« Une paire d’escarpins blancs retournés et ficelés, sur un plateau argenté, les talons ornés de manchons : telle une volaille rôtie, Ma Gouvernante semble bien prête à déguster. Typiquement surréaliste, cet assemblage, conçu par Meret Oppenheim en 1936, fétichise et animalise la femme de façon humoristique. Mais l’oeuvre, tout en activant le fantasme sadomasochiste d’une féminité muselée à consommer, ne dit-elle pas aussi, de façon également métaphorique mais davantage critique, l’assignation à la féminité d’une artiste muse et son affirmation complexe en tant qu’artiste femme ? Dialoguant avec de nombreux mythes et représentations, et questionnant toute une imagerie de la contrainte du corps féminin, Ma Gouvernante incite plus largement à examiner le rôle paradoxal des entraves du corps (réelles et symboliques) dans l’expression d’une subjectivité, en l’occurrence féminine. Nouvelle façon de "cuisiner" et de "servir" le féminin, en en révélant toute la saveur, c’est ainsi une recette de "bonne femme" qui nous est transmise : plat de résistance pour un déjeuner sur l’herbe en fourrure… avec ses pairs (ses pères). » (extrait de la voix off)