Regards féministes. Pratiques situées en histoire de l'art et études visuelles, Université de Lille, 28 mai 2019
« À 7 ans, élève en CE1, je participai à un concours de dessin, mettant tout mon coeur à
l’ouvrage, dans l’espoir de le gagner. Ma mère, comme à son habitude peu encourageante
avec moi, m’expliqua que ce n’était pas gagné (sous-entendu avec ce dessin). Elle n’y
croyait pas du tout et ne cacha pas son étonnement quand, victorieuse, je lui annonçai,
quelques temps après, que mon dessin avait été choisi. J’ai intégré, depuis, le fait que ce
dessin avait probablement été choisi, non pour ses qualités plastiques, mais pour sa naïveté.
Ce fût cependant un grand moment quand les membres du jury vinrent en classe me
remettre officiellement la grande boîte de crayons de couleur aquarellables Caran d’Ache. Le
succès de ce dessin a été assez incroyable puisque, non seulement édité en cartes
postales, il a été réutilisé par le centre d’action sociale de la commune, comme illustration
d’un dépliant, et titré pour l’occasion "Mon papa, ma maman". Je ne sais pas si j’avais
pensé représenter mes parents : ceci illustre bien, me semble-t-il, combien l’interprétation
des oeuvres échappe parfois aux artistes. » (extrait de la voix off)