Centre d'arts plastiques et visuels de Lille Wazemmes, 9 novembre 2017
Événement partenaire de l'exposition Performance !, Tripostal, Lille
« La figure de la gouvernante désigne une forme d’autorité en même temps qu’un statut
subalterne de la femme. Elle incarne un paradoxe : nourrice, servante, domestique, chargée
de l’éducation des enfants, elle est tout à la fois celle qui sert et celle qui gouverne. Elle est
au service de ses maîtres, éventuellement leur maîtresse, dévolue aux taches de l’intérieur ;
elle est celle qui n’a pas la parole et qui perpétue la tradition, figure de femme bridée et
autoritaire, garante des préceptes, des rôles à tenir. Les chaussures blanches évoquent la
virginité et le mariage et semblent définir la seule issue honorable pour une femme, à savoir
accepter d’être un objet d’échange dans une société patriarcale. En présentant sa
gouvernante sur un plateau, Meret Oppenheim exacerbe les paradoxes et brouille davantage
encore les rôles servant/servi, maître/esclave manifestant ce lien inextricable entre servitude
et désir de domination ainsi que le souligne Claude Lefort dans sa postface au Discours de
la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie. La gouvernante de Meret Oppenheim est
aussi celle qui gouverne sa vie, la norme à laquelle elle est tenue de coller, son parcours
fléché de femme ; c’est ainsi une personnification de la contrainte intégrée, de l’autocensure
qui empêche d’accéder à un statut de sujet, à son désir et à l’expression de sa subjectivité. »
(extrait de la voix off)